Pourquoi ne pas concilier justice sociale et lutte contre le changement climatique ? C’est ce que propose l’association Sol Solidaire à travers des programmes de financement de panneaux solaires sur les logements sociaux. Son but : utiliser les énergies renouvelables pour lutter contre la précarité énergétique.
Précarité énergétique : définition
La précarité énergétique, on en parle, mais de quoi s’agit-il exactement ? Qui concerne-t-elle et pourquoi ? Selon la loi de juillet 2010 sur l’engagement national pour l’environnement, la précarité énergétique concerne les personnes qui ne parviennent pas à satisfaire certains de leurs besoins élémentaires à cause d’une difficulté d’accès à l’énergie. Les problèmes financiers et la vétusté des logements sont les deux facteurs principaux qui expliquent la précarité énergétique des ménages. Pour ceux qui la subissent, les conséquences sont de différentes natures :
- Menace pour la santé physique et mentale ;
- Dégradation de l’habitat ;
- Accumulation de factures et intervention du fournisseur d’énergie pour retard de paiement ou impayé (réduction de puissance, suspension de la fourniture, résiliation du contrat, majorations).
Généralement, on considère qu’un ménage est en situation de précarité énergétique lorsqu’il consacre plus de 10 % de ses revenus pour payer ses factures d’énergie. En France, environ 7 millions de personnes sont concernées. Selon l’ONPE (Observatoire National de la Précarité Énergétique), ce sont d’abord les personnes fragiles (personnes âgées ou isolées) qui sont les plus exposées. Afin de lutter contre ce fléau, l’Etat a mis en place plusieurs dispositifs, œuvrant sur différents fronts. Mais le secteur public n’est pas le seul à se saisir de la question. Des associations comme Sol Solidaire par exemple, tentent de concilier lutte contre la précarité énergétique et développement des énergies renouvelables.
Comment Sol Solidaire entend lutter contre la précarité énergétique ?
Qu’est-ce que l’association Sol Solidaire ?
Sol Solidaire est une association fondée en 2019 à l’initiative de plusieurs acteurs comme Tecsol (un bureau d’études spécialisé dans l’énergie solaire), l’Ademe ou encore Enerplan. Elle a pour objectif de mettre en synergie la lutte contre la précarité énergétique et le développement des énergies renouvelables, en particulier celui du photovoltaïque. La démarche repose sur des appels à projet portés par des bailleurs sociaux souhaitant installer des panneaux solaires à l’usage de leurs parcs immobiliers. Le but, utiliser ces installations solaires en autoconsommation collective, pour aider les foyers en situation de précarité énergétique à payer leur facture et augmenter leur reste à vivre.
L’autoconsommation collective pour lutter contre la précarité énergétique
C’est en misant sur l’autoconsommation collective que Sol Solidaire entend tordre le cou à la précarité énergétique des foyers. Pour rappel, l’autoconsommation est le fait de consommer directement l’électricité produite par son installation photovoltaïque. Une installation en autoconsommation collective consiste donc à faire consommer l’électricité produite par plusieurs foyers. Pour cela il faut alors que la puissance de production soit suffisamment importante pour couvrir les besoins énergétiques. Ainsi, seuls les projets compris entre 10 kWc et 250 kWc sont éligibles au programme de Sol Solidaire. Une fois l’installation terminée, le porteur du projet (bailleur social) s’engage à fournir gratuitement l’électricité produite aux foyers précaires vivant dans son parc immobilier. Le surplus non consommé directement doit être donné à un fournisseur d’énergie, qui s’engage à verser la somme correspondante à la quantité d’énergie reçue à Sol Solidaire. Cet argent étant ensuite injecté dans le financement de nouveaux projets d’autoconsommation collective.
Fonctionnement du programme Sol Solidaire
Rentrons un peu plus dans vif du sujet pour comprendre comment fonctionne le dispositif mis en place par Sol Solidaire. Concrètement, c’est au bailleur social de faire construire l’installation de panneaux solaires sur ou à proximité de son bien immobilier en suivant plusieurs critères imposés par l’association. Il doit faire appel à un installateur labellisé RGE, qui utilise des matériaux de fabrication française ou a minima européenne, produits par des entreprises disposant des certifications ISO 9001 et ISO 14001. Le porteur de projet devra également prendre en compte les besoins énergétiques des habitants et s’assurer que l’installation générera de réelles économies d’énergie. Pour ce faire, Sol Solidaire enjoint les bailleurs sociaux à réaliser au préalable une étude de faisabilité afin de déterminer la meilleure installation possible. Pour le financement du projet, Sol Solidaire s’appuie sur du mécénat : une soirée caritative permet aux mécènes de valoriser les MWh produits par les installations. L’argent récolté sert ensuite à financer les nouveaux projets. Selon Sol Solidaire, l’intérêt pour les mécènes est de :
- Soutenir une cause sociale et environnementale ;
- S’engager dans une démarche RSE (Responsabilité Sociétale et Environnementale) pour les entreprises.
Un autre argument avancé par l’association est la défiscalisation. Les dons sont en effet encadrés par le régime fiscal du mécénat qui permet d’obtenir des réductions d’impôt sur les sociétés ou sur le revenu.
Quelles sont les mesures existantes pour lutter contre la précarité énergétique ?
La précarité énergétique est un problème qui est de plus en plus pris en compte. Heureusement, les associations comme Sol Solidaire ne sont pas seules pour aider les foyers en difficulté. Les leviers pour lutter contre la précarité énergétique sont divers. Aider les ménages dans la rénovation thermique des logements est par exemple un moyen de lutter contre l’émission de gaz à effet de serre tout en réduisant les factures d’énergie. Le dispositif Ma Prime Renov’, qui remplace le CITE (Crédit d’Impôt pour la Transition Énergétique) prévoit des aides financières importantes pour les ménages à faibles revenus. Sur 5 ans, un foyer pourra ainsi recevoir jusqu’à 20 000 € d’aides afin de financer des travaux tels que l’isolation du logement, l’installation d’un équipement de chauffage performant (chauffage solaire, pompe à chaleur, chaudière haute performance), ou un audit énergétique. On peut également mentionner le programme Habiter Mieux de l’Anah qui cible les ménages aux ressources modestes et très modestes. Le secteur privé est également sollicité. Le dispositif des CEE (certificat d’économie d’énergie) permet en effet de compléter Ma Prime Renov’ en s’appuyant sur des aides financières abondées par les fournisseurs d’énergie. Enfin, une mesure phare dans la lutte contre la précarité énergétique est la création des “chèques énergie”, dont le but est d’aider les foyers en difficultés à payer leur facture d’électricité. Ce chèque peut monter jusqu’à 277 € par an mais oscille souvent autour de 150 €.