Les panneaux solaires, souffrent parfois d’une mauvaise publicité lorsque l’on parle écologie et recyclage ! Beaucoup affirment que les panneaux photovoltaïques ne seraient pas recyclables, ce qui est totalement faux ! La pollution créée par le recyclage des panneaux solaires est aussi pointée du doigt. Pour y voir plus clair et tirer le vrai du faux, nous vous expliquons comment se déroule le processus de recyclage des panneaux solaires et quelles parties peuvent-être facilement recyclées. Êtes-vous prêts à faire taire les préjugés ?
De quoi est constitué un panneau ?
Pour parler recyclage, il faut d’abord discerner les différentes parties de l’installation photovoltaïque. Bien souvent dans les panneaux photovoltaïques, on retrouve deux sortes de panneaux solaires, les panneaux monocristallins ou polycristallins. Ils se différencient par la structure de leur cristaux. De manière générale, les panneaux solaires sont essentiellement composés de plusieurs éléments :
- de verre
- d’aluminium
- de plastique
- de cuivre ou d’argent
- de silicium (sable)
Des matériaux naturels qui permettent un recyclage entre 85 % et 95 % selon les panneaux. En effet, les pourcentages restants sont les composants de la connectique des panneaux solaires et les parties plastiques. L’idée qu’il faut nécessairement des terres rares dans les panneaux solaires est dépassée. Cela concerne moins de 5% des panneaux en activité, ce ne sont donc pas les panneaux les plus utilisés ni ceux au meilleur rendement !
Les panneaux solaires sont donc composés de matériaux recyclables. Le seul obstacle au recyclage complet des panneaux solaires est le peu d’intérêt économique de recycler les parties difficiles à extraire. En effet, pour pouvoir recycler les panneaux, il faut pouvoir séparer les différents composants avant de les faire fondre. Voici un récapitulatif en vidéo :
La filière de recyclage PV Cycle et son fonctionnement
Organisation du recyclage par PV Cycle
Le recyclage est au cœur des préoccupations actuelles et plusieurs acteurs se sont mobilisés pour gérer le recyclage des panneaux solaires. C’est pour cette raison qu’au niveau européen, la directive 2002/96/CE a été mise en place. Chargée de gérer les déchets des équipements électriques et électroniques, les panneaux solaires sont naturellement concernés. En parallèle, en 2014, est né l’éco-organisme PV Cycle qui a pour but de regrouper les différents acteurs du solaire afin de gérer collectivement les équipements usagés. Cette association est soutenue par les pouvoirs publics. Dans les faits, PV Cycle impose une éco-participation payée par tous les acteurs de la filière pour payer le retraitement et le recyclage des panneaux solaires. L’association met à disposition plus de cent points de collectes en France afin que les particuliers et professionnels puissent déposer leurs panneaux solaires usagés. Il revient donc au particulier de payer le démontage de son installation solaire et d’assurer son transfert jusqu’au centre de recyclage. Une fois les panneaux récupérés, ils seront traités et recyclés. Le silicium peut être réutilisé jusqu’à quatre fois dans de nouveaux panneaux.
Le rôle de Véolia dans le recyclage des panneaux solaires
Pour faire face à la vague de panneaux solaires usagés prévue d’ici dix ans, PV Cycle s’est associée à la multinationale Véolia. L’entreprise ayant une expertise sur la gestion la valorisation des déchets, elle a ouvert, avec PV Cycle et le Syndicat des énergies renouvelables, la première usine européenne de recyclage des panneaux à Rousset, dans les Bouches-du-Rhône.
Cette usine a été inaugurée en juin 2018. Elle permettrait de traiter 1 300 tonnes de déchets solaires (par équipe et par an) et de parer l’afflux de panneaux solaires ces prochaines années. La spécificité de cette usine réside également dans le fait que le traitement sera plus poussé et permettra de récupérer le silicium. Ce qui permettrait de le réutiliser plusieurs fois.
Le recyclage des panneaux solaire est généralement de 94,7% pour les panneaux solaires cristallins avec un cadre en aluminium (c’est-à-dire ceux que l’on installe le plus en toiture). Ce résultat est plutôt très encourageant pour la filière. Pour avoir une idée plus précise du recyclage des panneaux solaires, il est également intéressant de mettre en perspective les différentes énergies que nous utilisons et de voir comment elles sont recyclées.
Le nucléaire recycle 0,9% du combustible. Ce chiffre ne prend même pas en compte le fait qu’on doive également retraiter les bâtiments eux-mêmes, ce qui arriverait à un taux encore inférieur.
L’éolien recycle 90% des matériaux. Cela reste néanmoins une théorie puisqu’on ne le fait pas en réalité pour des raisons économiques. La fibre de verre des éoliennes est généralement incinérée. Concernant les autres énergies comme les centrales thermiques au gaz ou au fioul, on ne peut pas parler de recyclage vu qu’on épuise des ressources.
L’énergie solaire se place donc en bonne position !
Durée de vie et Taux de Retour Énergétique
Durée de vie des panneaux solaires
La durée de vie des panneaux solaires est assez longue. Les garanties varient entre 20 et 30 ans ce qui suppose que les panneaux solaires durent très longtemps. Il faut bien faire la différence entre les panneaux solaires que l’on installait il y a trente ans et ceux que l’on installe aujourd’hui. La technologie avance énormément et les panneaux solaires sont de plus en plus résistants. Ce que l’on peut néanmoins remarquer c’est que les panneaux solaires avec des durées de vie longues sont plus difficilement recyclables car ils sont très robustes.
Le Taux de retour énergétique (TRE)
Le Taux de retour énergétique est le ratio d’énergie utilisable pour une unité d’énergie investie dans la production de cette énergie. Concrètement c’est le calcul qui permet de savoir si produire une énergie est vraiment économiquement viable lorsque l’on prend en compte l’énergie dépensée pour fabriquer ses moyens de production et de transport. Un autre terme est également utilisé, celui d’énergie grise.
L’énergie grise prend en compte la dépense énergétique pour un matériau sur la totalité de son cycle de vie, incluant notamment l’extraction, le transport, la transformation, la fabrication, la distribution, la consommation et le recyclage. Le TRE permet de savoir combien de fois le panneau a remboursé son énergie grise. Le pétrole a très longtemps bénéficié d’un TRE très haut : 100 au début du 20ème siècle. C’est-à-dire que pour un baril de pétrole dépensé en raffinage, nouvelles exploitations, transport, etc, on retirait 100 barils de pétrole.
Néanmoins, plus les réserves deviennent difficiles d’accès, moins le TRE des énergies fossiles est haut. Celui du pétrole serait environ de 8 aujourd’hui.
En ce qui concerne le photovoltaïque, un panneau solaire produit suffisamment pour rembourser son énergie grise en deux à quatre ans en France. Si on prend comme base une durée de vie (garantie) de 25 ans, on obtient un TRE entre 6,25 et 12,5 ce qui ramène le TRE moyen du photovoltaïque au-dessus du pétrole et laisse présager un bel avenir pour les panneaux solaires.