Face à l’augmentation constante des prix de l’énergie ces dernières années, de plus en plus de français s’intéressent aux panneaux solaires, notamment avec pour objectif de produire leur propre énergie. L’installation de panneaux solaires permet en effet d’améliorer son indépendance énergétique au quotidien, transformant ainsi sa maison en maison autonome.
Cependant, lorsqu’on parle de maison autonome, il est important de bien distinguer autonomie partielle et autonomie totale.
Pourquoi l’autonomie totale est-elle difficile à atteindre ?
Si l’autonomie partielle en énergie est relativement simple à atteindre, avoir une maison complètement indépendante du réseau d’électricité public (autrement appelée maison “offgrid”) nécessite de respecter plusieurs conditions : un dimensionnement minutieux du système de production, une gestion très rigoureuse de ses consommations quotidiennes, et l’installation d’un dispositif de stockage et d’un mode de production de secours. Dans les faits, l’autonomie totale est donc très difficile, voire impossible, à atteindre, et ce pour plusieurs raisons :
La forte variation de l’ensoleillement
La principale difficulté pour atteindre l’autonomie énergétique est d’arriver à faire coïncider production et consommation, que ce soit à l’échelle annuelle, hebdomadaire ou quotidienne.
En effet, en France métropolitaine, l’ensoleillement varie fortement entre l’été et l’hiver, et influence fortement la production d’énergie solaire. Ainsi, en été, la production sera bien supérieure aux consommations, et ce sera l’inverse en hiver, alors que la consommation d’énergie est plus importante en hiver à cause des besoins en chauffage..
De même, en fonction de la météo du jour et de l’ensoleillement, les panneaux solaires vont produire plus ou moins d’énergie, de façon aléatoire. La production pour une belle journée ensoleillée d’hiver pourra ainsi être supérieure à celle d’une journée de pluie en été.
Enfin, les panneaux solaires vont produire beaucoup en milieu de journée, lorsque le soleil sera au zénith, et très peu le soir, au moment où l’on a besoin d’allumer l’éclairage, les appareils électroménagers etc.
Ainsi, s’il est assez facile de prévoir selon les caractéristiques de votre installation qu’elle sera en moyenne votre production d’énergie solaire sur un an, il sera beaucoup plus de la prévoir au jour le jour, et de connaître sa répartition exacte sur l’année.
- La difficulté de stockage de l’énergie
Contrairement à l’eau par exemple, l’énergie est difficile à stocker sur le long terme. En effet, même en ayant recours à des batteries, utilisées pour stocker un surplus ponctuel de production, il est techniquement difficile de stocker l’électricité au-delà de quelques jours.
Ainsi, même en limitant au maximum l’utilisation des appareils électroménagers, en utilisant un chauffage qui ne nécessite pas d’électricité (comme un poêle à bois par exemple), et ayant un nombre conséquent de panneaux solaires sur son toît et des batteries, il sera difficile d’avoir une maison 100% autonome au quotidien. Cela est d’autant plus compliqué que les occupants du logement sont nombreux.
Si vous faites le choix d’installer des panneaux solaires et des batteries dans votre maison, et que vous êtes très rigoureux dans la gestion de votre production et de vos consommations, vous pourrez viser un taux d’auto-consommation de 50% environ, contre 30% en l’absence de batterie. Cela s’explique par le fait que certains jours, les panneaux solaires produiront plus que ce qui peut être stocké sur batterie, et l’énergie sera ainsi “perdue”, alors que parfois la production quotidienne ne sera pas suffisante pour charger la batterie à 100%.
- La question des moyens mis en oeuvre
Au delà de la question de la faisabilité technique, se pose aussi la question du coût financier et environnemental d’une maison totalement autonome : pour augmenter son taux d’auto-consommation, il faudrait installer plusieurs batteries, ce qui représente à la fois un coût financier très important (les batteries lithium coûtent encore plusieurs milliers d’euros, et doivent être remplacées tous les 20 à 25 ans), ainsi qu’une aberration écologique car ces batteries nécessitent des terres rares pour être produites.
De plus, même avec l’installation de batteries, il est très vivement recommandé de prévoir un dispositif de production d’énergie “de secours”, capable de prendre le relais en cas de panne ou d’absence de production pendant plusieurs jours. Généralement, il faut s’orienter vers un groupe électrogène ou une citerne de gaz, ce qui ajoute encore des coûts supplémentaires au projet, dégrade le bilan environnemental, et complexifie la gestion au quotidien.
Une solution émergente alternative
Malgré les difficultés citées précédemment, il existe néanmoins une solution à la fois peu coûteuse et simple à mettre en place pour espérer augmenter son autonomie énergétique, sans avoir une maison “offgrid” pour autant. Il s’agit des batteries de stockage virtuelles, une offre innovante proposée par certains fournisseurs d’énergie tels que Urban Solar Energy, MyLight Systems ou encore JPME.
Ainsi, tous les kWh qui n’ont pas été consommés directement sont réinjectés dans le réseau Enedis, et comptabilisés par le fournisseur sur un “compte virtuel”. Lorsque les panneaux solaires ne produisent plus suffisamment d’énergie, les kWh consommés sont alors débités du compte. Ainsi, lorsqu’il est nécessaire de consommer de l’énergie provenant du réseau, c’est en priorité les kWh déjà produits qui sont utilisés. Bien entendu, il s’agit ici d’une vision “comptable” et dématérialisée de la production d’énergie, car dans les faits il est impossible de connaître la provenance de l’électron consommé.
Mais cela évite de devoir installer un dispositif de stockage coûteux et polluant, et permet de maximiser le taux d’auto-consommation et d’avoir une très bonne maîtrise de sa facture annuelle. Selon le nombre de panneaux solaires installés, il y aura peut-être quelques kWh supplémentaires facturés chaque année par le fournisseur, ou alors un excédent de production qui pourra être reporté sur l’année suivante ou remboursé.
L’offre de batteries virtuelles est encore limitée en France, mais tend à se développer à mesure que la demande augmente. Cela constitue une piste intéressante pour rendre sa maison plus autonome, tout en limitant les coûts financiers et environnementaux.