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Comment l’énergie solaire peut sauver les abeilles ?

par Jade Sebastien

Difficile de voir au premier coup d’œil le lien qui unit panneaux photovoltaïques et pollinisation. Encore peu exploitées, les surfaces des parcs solaires pourraient constituer à l’avenir de véritables refuges de biodiversité et des habitats mellifères ; ce qu’affirme une équipe de chercheurs américains préoccupés par le déclin des insectes pollinisateurs. Comment l’énergie solaire peut sauver les abeilles ? Zoom sur la restauration de prairies fleuries, la production d’essaims, l’installation de ruches d’élevage, toutes compatibles avec la production d’énergie renouvelable.

Pourquoi sauver les abeilles : connaître les causes

La sauvegarde des abeilles n’a de sens qu’en ayant préalablement identifié les causes de leur déclin. La surmortalité des abeilles se traduit par la disparition de près de 30 % des populations ces trente dernières années. Les apiculteurs professionnels et de loisirs, en ville, à la campagne et même en pleine montagne, partagent ce même constat.

Les causes de l’effondrement des populations d’abeilles sont multiples : 

  • les traitements phytosanitaires au sein d’exploitations agricoles intensives, appauvrissant la biodiversité et les ressources des pollinisateurs ;
  • le développement d’acariens parasites comme le varroa, et de maladies (loque, virus de la paralysie aiguë) ;
  • la prolifération du frelon asiatique, prédateur des abeilles endémiques françaises.
  • l’affaiblissement du patrimoine génétique endémique, par l’introduction d’essaims d’importation (la génétique modifiée a pour conséquence une diminution de la résistance des abeilles aux facteurs environnementaux).

La flore dont dépendent les insectes butineurs s’est considérablement appauvrie. L’agriculture conventionnelle n’est cependant pas tenue seule responsable de la surmortalité des abeilles. L’introduction de colonies d’espèces exogènes explique aussi en partie les déboires de la filière apicole.

Créer des jachères fleuries propices aux abeilles

La restauration de prairies ou jachères fleuries résonne comme une évidence pour les chercheurs américains, publication scientifique à l’appui. Sur 2 800 installations solaires présentes aux États-Unis, le laboratoire national d’Argonne entrevoit le potentiel de tels emplacements pour attirer les abeilles. Entretenues drastiquement, les centrales solaires sont souvent recouvertes de gravier, de gazon, mais surtout inexploitées au sol. 

Les fleurs sauvages à pollen et espèces végétales endémiques permettraient pourtant d’accueillir, d’alimenter les pollinisateurs et de soutenir leur croissance démographique. Les plantes mellifères riches en sucs, que les abeilles utilisent pour produire du miel, dépendent d’une région et d’une saison à l’autre. Citons parmi les principales ressources mellifères à semer :

  • le noisetier, la galanthe des neiges, le saule marsault pendant l’hiver ;
  • le pissenlit, l’érable, l’aubépine, le colza, le robinier lors du printemps ;
  • la lavande, le châtaignier, la ronce commune, le trèfle blanc, le tilleul, le sapin blanc l’été ;
  • la moutarde blanche, le lierre grimpant pendant l’automne.

Installer des ruches d’élevage au sein de fermes solaires

Le double objectif des installations photovoltaïques : produire de l’énergie solaire renouvelable et accueillir des ruches d’élevage. L’étude américaine démontre que 3 500 km² de terres agricoles à la ronde de fermes solaires, récolteraient les bénéfices des butineurs. Sur l’ensemble des installations existantes, les chercheurs soulignent l’intérêt de ce dispositif pour les cultures de soja, d’amande et de canneberge, dont les rendements dépendraient de l’action des abeilles.

Si 84 % des cultures en Europe dépendent de la pollinisation, c’est dire l’importance des services écosystémiques délivrés par ces insectes. On estime à 15 milliards d’euros annuels la production agricole tributaire des abeilles. Bien qu’elles ne soient pas les seules à transporter le pollen, leur rôle est essentiel dans l’écosystème.

Compenser les impacts environnementaux des parcs solaires 

Si l’installation de ruchers et la restauration de sols au sein de parcs photovoltaïques semblent constituer une solution pour sauver les abeilles, il n’en demeure pas moins que les fermes solaires causent des effets secondaires. Gourmands en surface, les panneaux solaires sont bien souvent installés en zone agricole, se substituant aux surfaces cultivées. La revalorisation du couvert végétal des centrales solaires est une mesure compensatoire bienvenue aux effets dommageables de l’installation de panneaux.

En France, des initiatives et des partenariats se développent entre exploitants de parc solaire et producteurs d’essaims, pour accroître les peuplements d’insectes. Akuo Energy a d’ores et déjà développé une dizaine de projets avec Apiterra, répartis sur l’île de la Réunion, la Corse et la Guadeloupe. D’autres partenariats soutiennent directement les apiculteurs par la vente de miel produit à partir des ruches d’élevage installées.

Comment l’énergie solaire peut sauver les abeilles ? L’utilisation des surfaces comme jachères fleuries mellifères permettrait de multiplier les essaims d’abeilles. Cette action favoriserait par effet boule de neige le maintien de la diversité végétale et la reproduction de plantes cultivées.

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