Accueil Actus solaires “Le solaire fait partie de la rénovation énergétique” : Jérôme Mouterde analyse l’évolution du marché du solaire résidentiel

“Le solaire fait partie de la rénovation énergétique” : Jérôme Mouterde analyse l’évolution du marché du solaire résidentiel

par Juliette Mariani

Hello Watt a rencontré Jérôme Mouterde, le directeur général de DualSun, leader français de la conception et de la fabrication de panneaux solaires.

1) Présentez-nous DualSun en quelques mots

J’ai cofondé DualSun en 2010 aux côtés de Laetitia Brottier. Nous étions dès le début animés par un objectif ambitieux : développer des panneaux solaires innovants destinés au marché résidentiel.

Notre ambition est de devenir le Velux du panneau solaire. Nous voulons établir une marque reconnue par nos clients, tout en poursuivant une mission d’intérêt public : contribuer à la baisse de la consommation d’énergie fossile des bâtiments.

Nous équipons à la fois les résidences individuelles et les résidences collectives : immeubles, EHPAD, piscines…

2) Pouvez-vous nous présenter votre gamme FLASH, installée par Hello Watt ?

Il y a quatre ans, nous avons lancé sur le marché la gamme de panneaux photovoltaïques FLASH, capitalisant sur plus de douze années d’expertise acquise au contact d’usines de lamination et de fabrication de panneaux solaires.

Nous avons créé un cahier des charges unique qui nous permet de nous démarquer de nos concurrents. Tout d’abord, le FLASH est un panneau bas carbone : nous avons été la première entreprise à le lancer sur le marché en 2022. Cela repose sur une véritable expertise pour sourcer les composants, ainsi que sur un contrôle strict au sein de nos usines partenaires.

Nous proposons également des garanties très longues sur nos panneaux, allant de 25 à 30 ans. Nous pouvons nous le permettre car nous suivons toutes les étapes de la fabrication de nos panneaux, et surveillons rigoureusement le respect de notre cahier des charges.

3) À quoi attribuez-vous le succès de l’autoconsommation solaire en 2023 ?

Les nouvelles installations de panneaux solaires en autoconsommation ont plus que doublé entre 2022 et 2023. Mais il faut garder à l’esprit que le cycle de vente d’une installation solaire dure entre six à neuf mois. Les installations raccordées par Enedis en 2023 ont donc été vendues entre le deuxième trimestre 2022 et le premier trimestre 2022.

Cette croissance a été stimulée par les tensions sur l’approvisionnement en gaz au début de la guerre en Ukraine. Les particuliers ont également été poussés à s’équiper suite aux alertes du gouvernement français quant au risque de risque de blackout durant l’hiver 2022-2023.

4) La France est en retard par rapport à ses voisins européens pourtant moins ensoleillés, comme l’Allemagne ou les Pays-Bas. Comment rattraper notre retard ?

Laetitia Brottier et moi militons pour une mesure claire, simple et lisible, facile à comprendre pour les particuliers et à mettre en œuvre pour les artisans : l’application d’une TVA réduite pour les panneaux solaires, fixée à 5,5 %, voire même à 0 %.

Aujourd’hui, les panneaux solaires bénéficient d’une TVA à 10 % si leur puissance est inférieure ou égale à 3 kWc, tandis que le reste des installations est soumis à une TVA classique à 20 %.

En comparaison, les travaux de rénovation énergétique ont droit à une TVA à 5,5 %. Or, le solaire fait partie de la rénovation énergétique et devrait être inclus dans la TVA à 5,5 %.

Jérôme mouterde

5) Les Architectes des Bâtiments de France bloquent certains travaux dans certaines zones géographiques (500 mètres autour d’un monument historique, zone classée…). Cela doit-il évoluer ?

Il est important de rester mesuré sur cette question. Les architectes des Bâtiments de France jouent un rôle essentiel dans les centres historiques où se trouvent des maisons anciennes. En cas de blocages “idéologiques”, liés à une image négative du solaire, il faut sensibiliser les architectes des Bâtiments de France aux avantages et à la fiabilité du solaire.

6) Encouragez-vous les particuliers à suivre leur consommation et leur production d’électricité solaire, comme le permet l’application Hello Watt ?

Oui, cela permet d’optimiser l’utilisation de ses panneaux en synchronisant sa consommation avec sa production. Il est donc nécessaire de programmer nos activités en fonction de notre production d’électricité solaire.

7) Y aura-t-il assez de main-d’œuvre pour répondre aux demandes en 2024 ?

Depuis 2017, nous faisons face à une pénurie d’installateurs. Les entreprises de pose manquent de vision à long terme et ne peuvent pas investir de manière pérenne. Elles tendent à interrompre leurs recrutements dès que la demande diminue, ce qui nous laisse constamment en situation de sous-effectif lors des périodes de forte demande.

8) C’est pour répondre à ce besoin de main-d’œuvre que vous avez créé la DualSun Académie ?

Oui, nous sommes partis de deux constats :

  1. nous manquons d’installateurs et les entreprises ont du mal à recruter ;
  2. des professionnels en reconversion nous contactent régulièrement car ils souhaitent devenir installateurs mais ne savent pas par où commencer.

Nous avons donc créé la DualSun Académie en septembre 2023, pour former ces personnes aux gestes techniques et leur apprendre les bonnes pratiques pour poser des panneaux.

9) Vous fabriquez une partie de vos panneaux solaires en France, et une autre partie en Chine. Mais vous avez prévu de relocaliser votre production en France ?

Nos panneaux sont conçus par nos ingénieurs basés à Marseille, cependant, nous laminons nos panneaux et assemblons les FLASH en Chine, car c’est dans ce pays qu’il y a les meilleures usines. Nous parvenons cependant à fabriquer en partie nos panneaux hybrides en France, dans l’Ain, car l’hybride est un segment innovant qui est moins sensible à la concurrence des prix chinois.

Notre objectif est d’atteindre une reconnaissance de marque qui nous permettrait de justifier des prix plus élevés pour des panneaux fabriqués en France, tout en offrant un accompagnement client que ne proposent pas les fabricants asiatiques.

Jérôme mouterde

Nous avons donc pour projet de rapatrier en France la fabrication de nos panneaux, étape par étape. Pour le moment, cela n’est pas encore économiquement viable, mais notre prochaine étape consistera à laminer nos panneaux en France ou en Europe. Cela nous permettra de gagner 15 % sur le bilan carbone de nos panneaux.

Retrouvez l’intégralité de l’interview à ce lien

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